dimanche 11 mai 2014

L'oeuvre de la semaine

Jean-Léon Gérôme, Pygmalion et Galaté, huile sur toile, 1890
Jean-Léon Gérôme est un peintre français représentatif de cet académisme que l'on nommera péjorativement pompier.
Ce tableau illustre un thème antique; Pyagmalion, pris de passion pour une de ses sculptures, demande à Aphrodite de lui donner vie pour consommer son amour.
Le peintre fera plusieurs versions sur ce thème.

Jean-Léon GérômePygmalion et Galaté, huile sur toile, 1890
Si il y a une leçon a tirer de cette oeuvre, au delà de tout débat esthétique, c'est, je crois, qu'il faut savoir garder un certaine distance, celle de la raison, avec les images.
C'est à dire qu'il ne faut pas tomber dans le piège de séduction des images, et surtout, ne pas tomber amoureux de ses propres oeuvres.

Cabanel, la naissance de Venus, 1875, huile sur toile
Il faut se méfier de ce que l'on attend du principe de réalisme. Le réalisme est-il un art de représenter les formes les plus convaincantes possible par rapport à ce que nommons la réalité ?
Dans ce cas nous pouvons avancer que la naissance de Venus de Cabanel est bien réaliste: le rendu de la femme et de l'eau atteint un certain degré de perfection.
Et pourtant, posons-nous la question ? Quel rapport peut avoir avec la réalité, une femme couchée sur la surface des vagues, comme on se couche sur des coussins, et des enfants volant de leur propres ailes ?
Nous voici face à nos propre contradictions...

Etienne Maurice Falconet, Pygmalion et Galté, 1761, sculpture sur marbre
Ces images qui nous séduisent n'ont que l'apparence de la réalité, car elle sont convaincantes en tant qu'idée la perfection.
En vérité il faut beaucoup d'artifices pour arriver à un tel degré d'hyperréalisme.
L'idée n'est pas neuve, elle remonte au mythe de la caverne de Platon.
Pour forcer notre oeil à croire en son image, Cabanel adoucie les contours de sa Venus, pour le fondre avec le paysage sur laquelle il la colle... Le même artifice qu'utilisent aujourd'hui les graphistes, sur leurs logiciels de retouche d'images, pour donner à leur pages de magazines l'illusion de la réalité...


C'est grâce à ce même artifice d'adoucissement des contours que le film Qui veut la peau de Roger Rabbit? (1988) parviens à rendre convaincante l'existence de Toons dans le monde réel...

Les images les plus séduisantes sont les plus dangereuses, car elles n'ont que l'apparence de la réalité...

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